Mon « fillot » il m’appelait
Ou quelque chose comme ça
« Filleul » peut être, mais il parlait peu
Il parlait bas
Il marmonnait
Mais je l’appelais bien « parrain »
Il m’aimait j’en suis certain
Ca se ressent, ça ne s’explique pas
Il avait un bon fond
Il était content de me voir
Quand tout allait bien
Mais « nom de Dieu » pestait-il
Dès que ses nerfs se tendaient
Il les avait très irritables
Pour un oui ou pour un non
Même si c’est lui qui le disait
Pour un chien qui gueulait
Même au loin, très loin
Mais quand tout allait bien
Mon « fillot » il m’appelait
Ou quelque chose comme ça
« Filleul » peut être, mais il parlait peu
Il parlait bas
Il marmonnait
Mais je l’appelais bien « parrain »
Mais « nom de Dieu » j’le comprends
Moi aussi je suis capable d’être con tout seul
Sans qu’on m’aide
Rien que le chat qui ronfle dans la pièce à côté
Ca me gâche un début de nuit
Je me hais de faire ci ou de faire ça
De mal réagir malgré moi
« Nom de Dieu »
Pourquoi le monde est si mal foutu
Que j’me dis alors que presque tout va comme ça doit
Pourquoi je suis comme je suis
Il m’aimait bien
Je le sentais
Il n’a pas mené la vie simple à tout le monde
Mais comprenez
Ou au moins essayez
Ce n’est pas toujours facile
D’avoir ce caractère là
Mais quand il me voyait
Quand tout allait bien
Mon « fillot » il m’appelait
Ou quelque chose comme ça
« Filleul » peut être, mais il parlait peu
Il parlait bas
Il marmonnait
Moi, je l’appelais bien « parrain ».
Je revois ses cheveux blancs
Son air bonhomme
Le marteau et les clous qu’il me donnait
Quand, petit, je voulais travailler près de lui
Rares sont ceux qui s’en souviennent
La mauvaise image est plus forte
Indélébile, père rude… et le mari…
Vie de l’autre siècle
Le temps a passé
Le temps passe mais « nom de Dieu »
Au fond, qui se ressemble…
Et quand il me voyait
Mon « fillot » il m’appelait
Ou quelque chose comme ça
« Filleul » peut être, il parlait peu
Mais il me regardait
Et aujourd’hui je sais
Il se reconnaissait bien là.
sb.17.04.2007 gLuTt
